Ta première émotion érotique…
Enfant, une chanson parlait d’une femme en train de de bronzer nue à ciel ouvert et les oiseaux qui survolaient ses seins. Avec ma sœur, on mettait ça en scène donc nous étions allongées, je ne me souviens plus précisément mais j’ai le souvenir qu’il y avait eu quelque chose d’agréable, d’émoustillant.
La place du plaisir dans ta vie…
Beaucoup de place ! J’aime être dans mon corps, j’aime ressentir les choses. Cela peut être en faisant du yoga, en marchant, en écoutant, en étant sensible au vent, à la pluie ou aux odeurs. J’aime manger, être en contact, regarder les autres, observer, écouter. J’aime aussi le contact physique, sentir, toucher, frôler, humer enfin tout ce qui est possible de faire avec nos sens. Le plaisir c’est aussi celui de la musique, de la danse, de voir de belles choses, que ce soit en se baladant dans une ville en regardant l’architecture, en regardant la nature, en lisant une bande dessinée, un livre… Aujourd’hui je suis sensible à tout ce que je prends, j’ai un œil maintenant sur les choses qui est tourné vers le plaisir. Mais cela n’a pas du tout toujours été le cas dans ma vie !
L’entente avec ton corps…
Je m’entends de mieux en mieux avec lui. Je l’ai laissé de côté pendant très longtemps et aujourd’hui je crois que je l’apprécie. Je me sens bien dedans. Le fait d’être grande ça m’a gêné des années mais maintenant j’adore ça, je me rends compte ce que cela suscite comme relation aux autres. Mon âge, mon corps vieillissant.. bon il y a des jours c’est un peu difficile mais je crois que j’aime globalement bien mon corps. J’apprécie tout ce que je peux vivre à l’intérieur de mon corps, là encore je pense beaucoup à la danse.
Parlons auto-érotisme…
Je me masturbe parfois mais c’est pas forcément régulier. J’essaie de repérer si ça correspond à quelque chose, je suis ménopausée donc au niveau du cycle à priori ça n’a plus trop de sens mais je ne sais pas, par rapport à une période… Est-ce que j’ai eu une angoisse avant, parfois c’est quand je n’arrive pas à m’endormir mais ce n’est pas systématique. Pour le moment, je n’ai pas encore saisi ce qui faisait que j’en avais envie à certains moments et qu’à d’autres moments je n’y pensais même pas. Cela peut être aussi quand je lis un livre, il y a une scène que je trouve excitante et puis là je vais avoir envie de me masturber. Je le fais le plus souvent en étant allongée dans mon lit avant de m’endormir parce que j’aime bien rester dans mes pensées, les laisser divaguer…
Je n’utilise pas de supports. Dans ma tête, je vois des films, des images de choses que j’ai vécues qui reviennent… Ce sont souvent les mêmes souvenirs érotiques, je fouille si il y en un qui marche pas alors je vais en chercher un autre plus stimulant !
Au-delà de la masturbation, je suis régulièrement des ateliers de danse avec ma sœur et ça m’arrive très fréquemment d’avoir une excitation globale du corps. Parfois, on dit que ce qui pourrait définir un orgasme c’est le sentiment de satiété qu’on a après. Il y a quelque chose d’un peu comme ça, de vivre un truc tellement intense que juste après « waouh », je me sens pleine et entière, paisible, en accord avec moi-même à 100%. Quand je danse en soirée, c’est pareil je sens que il y a un truc qui monte, ça peut même aller jusqu’à des fuites urinaires tellement je me lâche. Cela peut m’arriver aussi de lubrifier dans ces moments. Quand tu sens le soleil à fond à la mer, quand tu es dans le vide en parapente, c’est pas génital mais c’est un truc global, une décharge corporelle importante.
Créer des moments érotiques en couple…
Dans mes différentes expériences de couple c’était très compliqué. Dans ma façon d’être, quand je suis en couple je suis trop prise dans le quotidien et il y a un manque d’espace pour quelque chose qui soit un petit peu extra, un peu différent… Certes, les espaces on les trouvait quand même mais c’était souvent le soir, dans la chambre à partir d’une certaine heure donc déjà forcément un peu fatigués. Quand les enfants étaient plus grands, lorsque j’étais séparée, on pouvait rester enfermé le week-end entier avec mon partenaire. On s’amusait, on prenait le temps tout le temps qu’on avait, en mangeant, en prenant un bain, en parlant beaucoup… Je suis très sensible aux mots.
Parlons excitation sexuelle avec un·e ou des partenaires…
Ce qui est important pour moi ce sont justement les phrases, les mots, la voix. Et puis moi le baiser j’y suis extrêmement sensible, un baiser qui me convient et je décolle d’emblée, un baiser qui ne convient pas et j’ai compris que ça ne va pas le faire… Je suis très sensible aux caresses de manière globale, j’adore ! Quand on est en face à face de moi, j’adore qu’on me touche les fesses ; dans d’autres types de de position j’adore qu’on me caresse les cheveux, les oreilles, les épaules aussi le visage parfois. Le regard est super important pour moi, j’aime beaucoup les changements de rythme, passer de moments en douceur assez lents où on s’effleure à peine à des moments ou, au contraire, il va y avoir beaucoup plus de de prise en main, de puissance, d’action de mouvements de ma part et de mes partenaires.
J’adore faire des fellations, pas tout le temps mais parfois c’est formidable. Le cunni, sur moi, c’est pareil, ça dépend avec qui, comment, à quel moment… J’ai déjà fait des cunni mais je trouve ça hyper compliqué, le retour avait été bon car j’étais très attentionnée mais je n’étais pas à l’aise. C’est terrible parce qu’en termes de sensation pour moi c’est terriblement plus intime que de faire une fellation à un mec.
En termes de position, j’adore être à cheval sur le dessus. Si en plus j’ai la possibilité de m’accrocher alors j’adore encore plus car j’aime me suspendre avec mes mains mais je fatigue… A d’autres moments, j’adore la levrette parce que là je me sens plus soumise d’une certaine manière, parfois je peux aimer des attitudes un peu violentes. Je peux moi aussi avoir des attitudes violentes. C’est systématique quand je jouis, j’ai envie de frapper alors je ne frappe pas forcément la personne bien sûr, je vais taper dans le coussin à côté mais je sens une décharge physique. C’est peut-être aussi parce que c’est encore un peu culpabilisant pour moi encore de jouir et du coup j’ai une sorte de colère qui monte. Les émotions circulent beaucoup aussi à ces moments-là… Parfois, j’éclate de rire de manière phénoménale, je pleure aussi, ça peut m’arriver.
Un de tes meilleurs souvenirs érotiques
J’avais 19 ans, cela faisait 6 mois que je connaissais le jeune homme qui allait devenir le père de mes enfants. Nous avions un ami commun, un musicien qui était venu passer le week-end à la campagne avec nous. Le dimanche soir, on décide de repartir avec cet ami que j’appréciais beaucoup ; mon petit-ami restant lui en Touraine.
Nous passons la nuit dans un logement tous les deux. Dans mes souvenirs, nous n’avons pas dormi de la nuit. J’étais très droite dans ma tête, c’était inenvisageable pour moi de partager quelque chose avec un homme alors que je sortais avec un autre et pourtant… Je ne sais pas comment c’est venu, on ne l’a pas décidé, mais on s’est retrouvé ensemble au lit. On s’est mis à se caresser mais en s’interdisant, sans se l’être dit, toutes les zones génitales. On s’est caressés comme ça le corps pendant des heures en écoutant du Vivaldi. C’est vraiment un souvenir d’un partage très très fort, très puissant et les seuls mots qui y restent associés me flattent. Il m’avait dit que j’avais des doigts de fée…
Ce que tu ne referais plus…
Comme de nombreuses femmes, pour avoir la paix ça m’est arrivé de la faire alors que je dormais ou alors de ne pas on va avoir trop envie mais de me dire « bon sinon dans 2h il va revenir autant le faire maintenant ». J’espère aujourd’hui que je ne je ne leur ferai plus car on se fait du mal et c’est de la triche pour les deux partenaires. Aujourd’hui, j’ai gagné en assurance, en confiance en moi, je sais davantage ce que je veux et ce que je ne veux pas, j’ai aussi moins besoin de me fondre dans le désir de l’autre ce que j’ai fait pendant très très longtemps.
Comment arrives-tu à faire croître ton potentiel érotique…
La psychothérapie a été la plus grande aide. Cela m’a permis de sortir du personnage que je donnais à voir parce qu’on m’avait globalement demandé d’être gentille et puis une fille ça se tient correctement, ça fait pas ces choses-là.
Le vécu de mes grossesses m’a permis de ressentir des sensations que je ne connaissais pas avant, ça m’a autorisé à aller dans ces zones de mon corps auquel je ne m’étais pas autorisé à aller avant. Cette zone-là elle est devenue plus vivante alors que je l’avais vraiment mise de côté et je la sentais uniquement au moment de mes règles. Je me suis réappropriée mon corps, mon identité de femmes parce que j’avais beaucoup de mal avec ça.
La ménopause a été également un moment très important où j’ai ressenti des sensations que je n’avais jamais encore eu auparavant. Je me suis retrouvé seule pour la première fois de ma vie. En effet, avant, j’étais passé de ma vie de famille à un premier couple puis un deuxième couple… donc ça donc découvrir, réfléchir. J’aime être seule, j’ai eu un apprentissage érotique avec des expériences diverses avec différents hommes, des relations initiatiques… Ma relation au sexe est devenue plus ludique.
Pour une grande partie de ma vie, le sexe a été associé à la maternité et après et ça a changé, quelque chose d’assez manifeste autour de mes 35-38 ans qui correspond à la séparation avec mon premier mari. J’ai choisi ces hommes parce que je savais qu’ils allaient m’amener dans des endroits auxquels je ne serai pas allée seule (échangisme, partenaires multiples, sauna…).
L’homme avec lequel je sors actuellement c’est un homme que j’ai choisi moi, qui me plais, c’est un ancien amant que je revois depuis peu. Pour l’instant cela me plaît !