J’ai un gros souci et j’essaie de travailler dessus en ce moment; j’ai beaucoup de mal à dire ce que je veux. Je pense que cela vient de ma position de nana, de notre éducation en tant que fille. En ce moment, j’ai un partenaire qui m’aide à dire ce que je veux. Je me rends compte que c’est compliqué mais que, en même temps, cela m’excite beaucoup ! 

Ta première émotion érotique…

Ma première émotion, j’avais 12, 13 ans. Dans mon lit, un matin, je me suis réveillée, j’ai senti que j’étais très excitée et j’ai ressenti du plaisir au niveau de mon clitoris, je ne me souviens plus de la sensation exacte mais c’était quelque chose de nouveau et d’intrigant... J’ai posé ma main sur mon sexe et j’ai senti que c’était mouillé, je me suis demandée ce que c’était et puis j’ai continué à explorer…

La place du plaisir dans ta vie ?

Elle a de l’importance. Par exemple, j’accorde beaucoup d’attention à la nourriture et à ce que je mange. Tout ce que j’ingurgite, c’est un énorme plaisir ! La lecture, ça peut être un énorme “kiff” et la musique également. Pour moi, la sexualité, c’est moins un objectif qu’avant.

L’entente avec ton corps…

Aujourd’hui, je lui parle et je le remercie. Dans l’ensemble, je m’entends plutôt bien avec mon corps même si j’ai des petites réminiscences de l’adolescence qui me polluent encore parfois. Adolescente, j’étais en surpoids et j’en ai bavé avec le regard des autres et leur violence. Je n’ai pas su gérer à l’époque, j’étais énormément dans la culpabilité, je me disais que c’était moi qui n’était pas bien et que leur violence était complètement justifiée. A l’époque, je n’ai pas remis en question leur façon de me juger.

J’ai fait ce qu’il fallait pour quitter cet état de surpoids mais des traces demeurent sur mon corps, notamment sur mon ventre. Dans ma tête, parfois c’est encore compliqué… Je n’ai jamais porté de bikini de ma vie ! La forme de mon ventre ne rentre pas dans les stéréotypes que l’on nous montre et cela me gêne.

Parlons auto-érotisme…

Quand je me masturbe, je n’ai pas besoin d’images ou de m’imaginer quoi que ce soit de particulier. Par contre, une chose est sûre, c’est que si je me motive à me toucher, il faut vraiment que j’ai une après-midi devant moi. Je vais me “taper un délire” en me disant “c’est après-midi masturbation et c’est parti !” Je me concentre sur mon clitoris, sur les zones à toucher, sur ce qui me qui m’excite le plus. J’adore explorer… par exemple, un jour je vais prendre deux doigts, puis aller vite une autre fois ou, au contraire, aller doucement. 

J’ai quand même eu une période où je regardais des trucs pornographiques. Ce qui me plaisait vraiment c’était des trucs que je n’aurais jamais eu envie de faire dans la vraie vie ce qui me semblait très bizarre. Quand je regarde un porno, c’est plus le corps de la nana qui va m’exciter que celui du mec. Clairement, je m’identifie…

Pendant une période, je me touchais le soir pour m’endormir. J’avais cette habitude et c’était cool, je trouvais que c’est une belle façon de s’endormir plutôt que de fumer un pétard. Mais en même temps, c’était très mécanique, ça venait vite… et j’ai arrêté ce rituel.

Parlons excitation sexuelle…  

Je crois que j’aime bien “faire ma salope”. Je ne sais pas comment décrire ça, j’aime bien me faire désirer, sentir que le mec me désire aussi. Cela se joue aussi avant dans la séduction, le jeu, la discussion….

Après, j’ai un gros souci et j’essaie de travailler dessus en ce moment; j’ai beaucoup de mal à dire ce que je veux. Je pense que cela vient de ma position de nana, de notre éducation en tant que fille. En ce moment, j’ai un partenaire qui m’aide à dire ce que je veux. Je me rends compte que c’est compliqué mais que, en même temps, cela m’excite beaucoup ! 

En termes de pratique, si c’est bien fait, le cunnilingus, j’aime beaucoup. Sucer un mec m’excite énormément, c’est physique cela me fait mouiller mais comme une dingue ! J’aime donc vraiment le faire mais c’est également problématique car les mecs deviennent complètement “zozo”, me demandent tout le temps ça et cela finit par devenir vraiment pénible. 

Les baisers plein de langues m’excitent également énormément. En ce moment, j’ai bien envie de me faire prendre des petits coups de fouet, des trucs comme ça… Pour l’instant, je me prends des fessées et c’est déjà pas mal. 

Un de tes meilleurs souvenirs érotiques

C’était un mec en boîte de nuit qui était beau comme un Dieu et et je m’étais dit que j’aimerais bien me le faire. Et justement, le gars est tombé sous mon charme. On est rentré chez moi, il devait être 4h30-5h en sortie de boîte… J’avais une immense cage d’escalier dans un immeuble de style renaissance. Il n’a pas attendu d’arriver chez moi au dernier étage, il m’a calé contre le mur et m’a déshabillé dans le couloir. Il m’a caressé puis léché longuement les seins… Ensuite, il m’a fait un cunni incroyable, il était très sûr de lui. Et puis, tout en faisant tout ça, il me disait qu’il me trouvait belle, des mots sympas qui faisaient du bien. On a quand même fini chez moi, on ne sait jamais avec les voisins. C’était une super expérience, mais c’était surtout le cadre et le fait que j’étais surprise de sa réaction et de sa façon de faire qui ont été extraordinaires.

Créer des moments érotiques en couple… 

Je m’imagine des scènes, je scénarise à fond… Je commence à imaginer dans ma tête, j’ai envie de ça, donc il va falloir que je l’emmène avec moi vers cette idée puis ensuite tout se décante. Cela peut être une soirée, un événement ou un moment qui sort de l’ordinaire. Au quotidien, je suis très sensible aux odeurs, aux mots ou à une situation qui peuvent me donner envie. Si mon partenaire me dit quelque chose qui n’a rien à voir avec le le le cul mais que je trouve incroyable; cela va me donner aussi envie !

L’excuse de l’apéro où on “boit un petit coup”, cela m’aide à me détendre, à me dire que ce n’est pas grave si je ne range pas tout, si je ne relis pas mes dossiers … Cela enlève les barrières. Et quand je suis partie, je peux faire des activités érotiques pendant trois heures et me dire que cela n’a aucune importance si je me couche tard… Sinon, c’est plus compliqué, la raison prend le dessus.

Ce qui me plombe le plus dans le quotidien, c’est l’humeur de l’un et de l’autre. Le cul, si t’en as envie, tu trouveras toujours le temps.

Sinon, j’adore les surprises ! Même si ça passe ou ça casse car si l’autre n’est pas prêt, tu “te manges ton vent” et tu n’es pas bien… Donc il faut bien choisir son moment. Là, j’ai acheté une petite robe en résille et, à un moment, je vais lui sortir par surprise. J’ai très très envie de le faire, cela fait déjà deux semaines que c’est dans ma tête mais je n’ai pas encore trouvé le bon moment… 

Comment arrives-tu à faire croître ton potentiel érotique… 

J’ai lu un livre qui s’appelle June (1), deux nanas qui qui font le tour des États-Unis, c’est un truc un peu érotique et cela m’avait énormément excitée. Je m’étais même dit que si ça se trouve, je finirai avec une nana !

Le fait de faire une grosse pause de sexe a été également positif pour moi. Cela m’a permis de reconsidérer ce qui est important pour moi, de me rendre compte que cumuler les expériences ne sert strictement à rien pour savoir dire non ou exprimer ce qui me fait vraiment plaisir.  C’est aussi parce que je suis passée par des cons que j’ai été dans une phase où le sexe n’était pas très important. Encore aujourd’hui, je ne le mets pas sur un piédestal même si j’adore ça ! Je préfère que ce soit bien fait tous les quinze jours plutôt que trois fois par semaine vite fait…

Nous vivons également dans une époque formidable beaucoup plus ouverte sur les questions de corps, de genre… et je n’ai plus peur de me balader en “sous-tif” avec la crainte que mes seins tombent. Les derniers mecs avec qui j’ai eu des relations sexuelles étaient respectueux et cela m’a beaucoup aidé.

Mon partenaire actuel me fait du bien dans le fait d’accepter mon corps et de m’aider à dire ce dont j’ai envie. Je trouve que le fait de verbaliser m’aide à faire grandir ma vie érotique. Je réalise qu’il y a plein de moments de ma vie où j’ai été actrice bien sûr mais surtout suiveuse sans décider de ce qui se passait.

Je m’habille souvent en sweat, je ne suis pas forcément tous les jours féminine. Cela excite mon mec que je sois habillée un peu “boyish” et je trouve ça super ! J’ai connu des mecs qui peuvent te dire “je voudrais bien que tu mettes une jupe…”. Ce genre de remarques, je ne pourrais plus les supporter. Là, je joue des codes de genre pour faire monter le désir, c’est assez cool.

Avec l’âge aussi, c’est de mieux en mieux ! En vieillissant, tu t’acceptes plus et tu te dis moins : il faut que je sois comme ci ou comme ça pour kiffer…

(1) Virginie Begaudeau, June, 2017, Editions La Musardine, Collection Point G.